Parfois, la meilleure salle de classe… c’est une ruelle pavée qui sent l’olive et les sardines.
Nous étions à Lisbonne depuis trois jours. Une ville lumineuse, vivante, vibrante — et bruyante aussi. Entre les collines et les tramways, nos journées s’enchaînaient sans programme précis. Et puis un matin, on a décidé d’aller faire les courses au marché local, avec les enfants.
Pas pour “faire une activité pédagogique”. Juste pour vivre.
Et pourtant… ce matin-là, sans le chercher, tout était apprentissage.
Des compétences qui émergent spontanément
Au fil des allées, nos enfants ont :
Reconnu les légumes non familiers (et appris des mots portugais au passage)
Compté les pièces en euros, négocié un prix, fait de la monnaie
Observé les balances, pesé les aliments, comparé les unités
Écouté les récits des commerçants, posé des questions (même en mélangeant les langues)
Écrit une liste, trié les courses par catégories, organisé le sac selon la fragilité des produits
Et surtout, ils ont pris des initiatives. Choisi, décidé, porté, observé.
On n’a pas ouvert de cahier.
Mais ce jour-là, ils ont appris bien plus que ce qu’on aurait pu leur transmettre en théorie.
L’apprentissage vivant, c’est quoi exactement ?
C’est quand le monde devient le support.
C’est quand on sort de l’idée qu’un “temps d’apprentissage” doit être isolé, cadré, identifié.
C’est quand on fait confiance à l’intelligence du réel et à la curiosité naturelle de l’enfant.
C’est aussi accepter que les apprentissages ne sont pas toujours visibles, quantifiables ou “scolaires”.
Mais qu’ils sont authentiques, durables, et ancrés dans l’expérience.
L’instruction libre ne demande pas toujours plus de contenu. Elle demande plus de conscience.
Léa Taleb Tweet
Et si on osait ralentir ?
En tant que parents IEF, on peut parfois se sentir coupables : « On n’a pas fait de maths aujourd’hui », « Il n’a pas ouvert son cahier depuis trois jours… »
Mais si vous regardez bien, chaque journée vécue pleinement contient déjà une richesse immense.
Apprendre en vivant, c’est aussi apprendre à ralentir.
À observer.
À écouter.
À laisser de la place pour que l’émerveillement émerge.
Ce que nous avons retenu de ce marché
Qu’un marché est un manuel de mathématiques, de langues et de sciences naturelles à ciel ouvert
Que nos enfants sont capables d’apprendre sans qu’on leur dise quoi apprendre
Que nous, adultes, avons surtout à offrir un cadre rassurant et la liberté d’explorer

